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 Coeur qui Bat ; Mort qui Rode

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Noctalie

Noctalie

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MessageSujet: Coeur qui Bat ; Mort qui Rode   Coeur qui Bat ; Mort qui Rode EmptyDim 11 Avr - 19:46

Prologue


Dernière communication du HMS Neptulon – VIe flotte de débarquement.
Année 29, campagne du Norfendre.

Citation :
« Fortes intempéries rendent l’estuaire de Valgarde impraticable. Nous déroutons Nord-Est, recherche flottille disparue et point d’accostage le long du Fjord pour ravitaillement. »
HMS Neptulon


Deux ans plus tard, une jeune sergent lit la gazette, installée sur un banc face au large.
Citation :
[…] Mais la VIe flotte n’a pu faire jonction avec son avant-garde en perdition au large du Fjord Hurlant. En dépit tous ses efforts dans des conditions très périlleuses le long de la cote, la Marine Alliée n'a plus espoir de porter secours aux huit-cent marins et troupes de débarquement portés disparus.

En l’absence de survivants, il sera impossible d’établir avec certitude les circonstances de ce naufrage. Les Réprouvés interdisent l’accès à la cote orientale du Fjord dont ils revendiquent la possession depuis la chute d’Arthas Menethil. Néanmoins, les enquêteurs militaires de l'Alliance affirment avoir découvert les débris de la flotte disparue ainsi que des traces de peste semblable à celles relevées suite à l’attentat d'Angrathar, dit "le Portail du Courroux".

Mis en cause, le contingent réprouvé nie toute implication et assure qu’un sauf-conduit eut été accordé a tout équipage en perdition dans les eaux du Norfendre. Fossoyeuse se défend d’avoir rompu le pacte de non-agression tant que durait l’offensive de la Couronne de Glace et condamne encore l’utilisation de souches de peste, proscrites au sein des troupes loyalistes. […]

La Tribune de Gilnéas – Avril 31

« Pauvres types » soupire la militaire. Elle promène alors son regard à la surface de l'océan, puis au sommet des cimes lointaines d’où émerge un Mur immense, chatouillant les nuages. Son œil, d'abord fier, laisse soudain paraitre une anxiété obscure... Un étrange pressentiment qui lui presse le bas ventre.


***

IIe régiment de l’Armée du Nord. Été 31 :
Citation :
« Forte intensification de la présence réprouvée en Hautebrande occidentale ; resserrons nos positions sur Austrivage. »
Citation :
« Nombreux convois sur la route des Pins Argentés; Avons repérés cuves de substance non identifiée; dépêchons SI :7 pour examen. »
Citation :
« Signal de détresse provenance Gilnéas; Tout contact perdu.»
Citation :
« ATTAQUE IMMINENTE FORCES REPROUVÉES; DEMANDONS RENFORTS »


Citation :
GILNEAS ENVAHIE !
Fossoyeuse déchaine son arsenal,


L’armada de Fossoyeuse a débarqué le 11 septembre sur les côtes gilnéennes, faisant voler en éclats les défenses d’un royaume durement éprouvées par une mystérieuse épidémie depuis plusieurs semaines.

[…]

Les premières informations confirment l’utilisation d’une nouvelle souche de Peste, dont le Haut Commandement Allié suspectait la conception et la production.

[…]
L'Echo de Kaz-Modan, 18 septembre 31


***
Citation :
« ORDONNONS REPLI GÉNÉRAL DE TOUTES LES TROUPES ET POPULATIONS ALLIÉES EN HAUTEBRANDE »
IIe régiment de l’Armée du Nord


***
Vous vous rappelez des gros titres de presse... Lorsque le Monde s'est remis à chavirer, fiévreux comme jamais...

GUERRE !
Reprise des hostilités sur tout le contiennent
Mobilisation générale des Forces Alliées
Darnassus au secours de Gilnéas
Ignoble attentat des armée Hurlenfer
Offensive victorieuse dans les Tarides
AUSTRIVAGE PERDUE
La Nouvelle Peste ravage les Royaumes de l’Est
THERAMORE ANNIHILEE
Déferlement de réfugiés sur Hurlevent

Et c'est là que commence son histoire. Quelques semaines auparavant...
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Noctalie

Noctalie

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MessageSujet: Re: Coeur qui Bat ; Mort qui Rode   Coeur qui Bat ; Mort qui Rode EmptyLun 12 Avr - 16:39

I- La Bête





Il y a bien longtemps, un faon se lia d’amitié avec un grand chêne trônant au centre d’un bosquet. Un beau jour, des bucherons l’abattirent. Alors le faon mortifié recueilli les glands éparpillés et jura de trouver la plus vaste, la plus fertile des clairières pour y planter les fils de son ami. Après une longue route, il pénétra dans une immense forêt, mais fut pris dans un hiver précoce et rigoureux. Pour subsister, le faon mortifié dut se résoudre à avaler les graines qu’il transportait. Son affliction fut telle qu’il ne les digéra point : les graines poussèrent en lui, et de majestueux branchages se dressèrent sur son front, tel un monument redoutable. Le printemps venu, il résolu de se consacrer pour toujours à la protection de la nature.
Ses descendants parcourent les forêts du contient pour honorer le serment du premier cerf. Joignant la grâce des vents à la robustesse des bois.



Extrait des Contes du Père Orson, savant Gilnéen


***


Année 34.

Trois après l'Invasion. Au fond d'une crypte sombre.





[Allison Nocta] dit : « Les murs, ça cache l'horizon c'est certain ! Mais il nous restait le large pour nous évader, les bois sombres pour nous inspirer... Ha ! Combien d'histoires circulaient dans ma Péninsule ?! Combien de mythes savoureux, de légendes atroces… Oh, juste des contes pour effrayer les petits enfants de Gilnéas... »





***

Année 31.


La bête s’approchait malgré les craquements et les gloussements parfaitement audibles du petit garçon qui jubilait accroupi dans les fougères. Ses yeux bruns écarquillés suivaient les amples mouvements des bois somptueusement assortis aux écorces de la forêt. Le cerf n’était plus qu’à une dizaine de mètres. Il inspectait méthodiquement le sol devant lui sans se préoccuper de l’enfant en contrebas qui émergea lentement de sa cachette. Il se sentait si proche de l’animal en cet instant, qu’il se figura d’engager la conversation avec lui. Connaissait-il la légende que l’on racontait sur ses congénères ? « Je m’appelle Jérémie » dit-il sans réfléchir. « Attends ! » cria-t-il en vain lorsque le cerf détala. L’enfant resta interdit quelques secondes et considéra avec un peu d’amertume l’incapacité des petits d’hommes à approcher d’aussi fascinantes créatures. Il se retourna et poursuivi sa descente vers les rivages.

Lorsqu’il aperçut un bout d’océan à travers les sapins, Jérémie accéléra le pas. Il atteint l’orée de la forêt, sauta un monticule et atterrit sur un lit de galets. Il écarta les bras pour mieux ressentir les bourrasques et avança en sautillant pour prendre son envol au-dessus des flots, sans plus de succès que d’habitude. Ses petits bonds l’amenèrent à un rocher au bord de l’écume. Il grimpa habilement et s’assit face aux embruns pour être tout à fait assourdit par le chant du large.
Sur sa droite, Gilnéas semblait régner sur l’Océan. La géographie de la province traduisait bien le caractère de ses habitants : forts et indépendants, marins chevronnés mais xénophobes endurcis. Son port était sa seule ouverture sur le monde. Il n’y avait guère que Jérémie et ses amis pour s’aventurer dans les provinces lointaines, de la sublime Quel-Thalas aux rives de Theramore, dont ils se faisaient une image invraisemblable. Sublime, Gilnéas l’était également. Son aspect unique, un peu austère, était inspiré du plafond grisaille de la péninsule. Une cité ancienne aux formes baroques, bâtie en hauteur ; des toitures sombres et pointues hérissant la colline. Ainsi se dressait la Ville du Bout du Monde, murée dans une quiétude centenaire.

Le ciel était orageux et s’assombrit très vite. Les vagues s’approchaient et frappaient dangereusement le rocher sur lequel s'était perché le garçon. Il commençait à envisager de rentrer chez lui lorsque le son d’une cloche perça le vacarme blanc. Elle battait régulièrement depuis l’une des tours qui parsemaient les remparts de Gilnéas. Beaucoup plus rapide et stridente que le bourdon de la cathédrale. Jérémie se leva, observa la ville avec une curiosité teintée d’appréhension. Les lueurs se multiplièrent sur les façades sombres, malgré que la nuit ne soit pas encore en poste. Une grande agitation semblait régner. Ce fut évident lorsque dix cloches répondirent à l’appel de la première. Ce fut effrayant lorsqu’une clameur lointaine balaya la baie.
Jérémie descendit du rocher avant que la marée ne l’encercle. Pour regagner son village, il pouvait longer la côte jusqu'au chemin remontant la colline, mais alors il ne rentrerait pas avant la tombée de la nuit ce qui lui vaudrait une rude engueulade. Il couperait donc par la forêt, où régnait à présent une pénombre menaçante. Il se mit en route, le pas trainant, sans  détacher son regard de la ville enfiévrée là-haut sur la falaise. Il parvint au monticule bordant la plage et s’apprêtait à le grimper, lorsqu’un bruit jaillit des fourrés au-dessus. Il recula de quelques pas et une masse brune s’effondra bruyamment devant lui ! Un cerf. Le cerf, lacéré à l’échine et au cou, se débattait sur les galets, les aspergeait de son sang. Il finit par se redresser sur ses quatre pattes dont l’une était écorchée, une autre foulée par sa chute. L’instinct transgressait les blessures et l’éloignait de la forêt en sacrifiant ses dernières énergies. Il tituba vers le garçon figé sur la plage et s’écroula à quelques mètres. Jérémie fut pris de nausée et recula. Il recula jusqu’à ce que l’écume lui lèche les chevilles. Surprit, il trébucha, voulut se relever, mais resta tétanisé : au sommet de la butte, entre la danse des cimes et les soubresauts du cerf, une ombre apparut.
Jérémie tremblait. L’eau était glaciale, ses mains étaient transies. Une froide brulure lui dévora le bas ventre. L’ombre était dressée sur deux jambes puissantes et velues ; ses longs bras étaient montés de griffes cauchemardesques ; sa gueule démesurée, hérissée de crocs affamés. La bête laissa échapper un hurlement plus puissant que le cœur d’une meute, puis bondit vers la plage.
« ICI CREVURE ! » crie une voix. Le garçon tourne aussitôt la tête et voit une silhouette se précipiter vers la chose. Puis une vague l’asperge tout entier. La marée l’emmène deux mètres au large de l’océan démonté. Il se retrouve à plat ventre sur un lit de galets beaucoup plus fins. Derrière lui les hurlements de la bêtes, au loin, ces cloches qui n’en finissait pas de déchirer le crépuscule. A peine est-il sur ses genoux qu’une autre vague le submerge. L’eau salée s’engouffre et lui brule l’intérieur. La panique le gagne, suffocante et glaciale. Un bras plonge soudain et le saisit.

Peu après, il était étendu les bras écartés, crachant ses poumons. Deux mains lui tenaient la tête. Lorsque le sel eut finit de lui brouiller la vue, il vit la figure grave d’une jeune femme aux yeux sombres.
« Regarde-moi, tout va bien ! Dit-elle d’une voix assurée
- La bête ! La… Il toussa encore.
- La bête n’est plus petit. Allons, relève-toi.»
Elle le remit debout et regarda autour d’elle, la main posée sur la garde de son épée comme pour mieux juger de la situation. Jérémie l’observa de la tête aux pieds. Ses cheveux bruns étaient rejetés en arrière. Les angles de son beau visage lui donnaient un air retors, un peu cruel. Elle portait une tenue de combat légère ; une cote de maille entre un juste au corps marron et un plastron de cuir découvrant ses bras musclés terminés par d’épais bracelets en cuivre ornés. Sa cape trempée dansait faiblement sur son dos.
- Il faut que tu rentres chez toi, dit-elle. Ou habites-tu ?
- Rivelune… Merci, merci vous m’avez… Il se tourna et aperçut la masse velue étendue sur le rivage. La jeune femme l’orienta aussitôt dans le sens opposé et s’agenouilla devant lui en lui tenant les épaules.
- C’est notre devoir petit. Mais tu ne nous facilite pas la tache en te promenant seul sur la côte à cette heure-ci.
Le garçon ne la regardait pas. Il était cette fois face à la ville. Les lueurs s’étaient changées en brasiers. Les cloches s’étaient tues. Les clameurs redoublaient d’intensité. Il était au bord des larmes.
- Mettons-nous en route, d’accord ?
Elle le prit par la main et l’emmena, laissant la ville derrière eux. Il n’imaginait pas les efforts accablants que faisait la militaire pour ne pas s’y précipiter. Jérémie resta silencieux une minute, puis redevint lui-même.
« Que se passe-t-il Madame ? Pourquoi toutes ces cloches ? Et les flammes ?
- C’est le tocsin, dit-elle sombrement. Il sonne quand le danger menace. Je regagnais ma caserne lorsque j’ai vu cette… chose.

- Les gens criaient… Vous… Vous croyez que…
- Nous devons t’amener en sécurité coupa-t-elle. Ensuite je rejoindrai mes camarades et nous ferons ce qui s’impose. Gilnéas est invincible. »
A ces mots, Jérémie se rappela de la Pierre d’Enceinte que lui et ses amis s’échangeaient. Combien de fois avaient ils sauvé la ville grâce à ce bout de roche cristalline aux pouvoirs divins lors d'aventures endiablées ?! Il gonfla la poitrine et tira le bras de la jeune femme. Au moment où celle-ci tourna la tête, il fut saisit d’une sincère et déchirante désillusion.
« Oui ? Quoi ?
- Heu, je… Non non,
balbutia-t-il, gêné de l’espoir puéril jaillit de son esprit. Son regard se balada autour de lui, puis il s’exclama : Madame… Vous… Oh ! Vous saignez ! » Un long filet de sang parcourait le bras gauche de la guerrière et sa cuisse était déchirée sans qu’elle n’en eut rien laissé paraitre.
« Ce n’est rien. Un croc a dut se glisser entre les mailles et… Ce n’est rien. »

Après une heure de marche, ils atteignirent le chemin montant la colline. La ville était hors de vue ; la nuit était presque tombée. Ils regardèrent le large avec inquiétude, sachant que le vent d’Ouest dirigerait immanquablement les navires vers les récifs et les falaises hérissant la péninsule, si le phare n’était pas là pour les confondre. Or l’Océan était d’encre. Heureusement, et c’était un grand malheur, Gilnéas en feu dissuaderait toute embarcation de s’engager dans la baie de Finistelle, désormais impraticable. Une aura pourpre enveloppait la forêt.
Dans la pénombre, les jeunes gens se scrutaient mutuellement : l’une essayait d’afficher la plus grande résolution ; l’autre voulait donner l’image d’un courageux bonhomme. Aucun ne parvenait à dissimuler son angoisse, néanmoins ce manège dura quelques minutes, jusqu’à ce que la guerrière ne rompe le silence. « Nous sommes à moins d’une lieue de Rivelune dit-elle. J’espère que nous ne ferons pas de rencontres en chemin ».
- Il n’y a pas de loups par ici… Pas de bandits, ni d’étrangers.
Jérémie faisait cette observation machinale à tous les adultes qui le questionnaient lors de ses randonnées solitaires.
- Oui, nous faisons bien notre travail en effet ! Dit-elle avec un rictus, mais tu sais bien que… Aaahr ! Grogna-t-elle soudain en pliant le genou.
- Madame qui-y-a-t-il ? Vous avez mal ? S’enquit aussitôt le garçon.
- Non… Un peu... Souffla-t-elle. Le sel sur la plaie sans doute… Un bon crachin me ferait du bien !
- Et à la cité…
- Oui… A la cité aussi… D’ailleurs, je pense que nous avons eu raison de nous en éloigner le plus possible. J’ai le sentiment que cette crise ne dépend pas du nombre de soldats en arme dans les rues… J’espère que mes camarades se seront portés au secours des villageois, surtout si d'autres de ces choses rodent...
- Mes parents vont vous soigner. Vous serez toujours la bienvenue chez nous !
- Tu es un gentil petit gars. Je ne t’ai même pas demandé ton nom…
- Jérémie Barton, dit-il joyeusement.
- Allison Nocta. »

Elle tendit la main au garçon et ils s’engagèrent sur le chemin dans la colline.

Au bout d’une demi-heure, Allison commença à boiter. Alors ils discutèrent de matelas moelleux, de foyers dans les chaumières et de bobos insignifiants mais bougrement pénibles. Peu après, elle lâcha le bras de Jérémie. « Je suis là, dit-elle, marchons chacun à notre rythme, nous avancerons plus vite. » L’obscurité permettait à peine de distinguer le chemin et la trouée entre les sapins. Il fut momentanément perdu sans le contact réconfortant de la paume gracieuse et virile. Mais au moins, il ne devinait plus les claudications alarmantes de la jeune militaire qui souffrait à chaque pas en se tenant le bras.

A mi-chemin, elle s’assit sur un rocher à côté d’un panneau illisible dans le noir. « Nous ne devons plus être loin, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle.
- Ce n'est pas loin ! Nous arriverons dans un quart d'heure et le chemin ne grimpe plus. »

Allison avait un sens de l’orientation remarquable à toute heure et en toute saison. Elle savait l’estimation du garçon très optimiste, mais sa voix claire lui était d’un grand secours.





[Allison Nocta] dit : « J’aurais dû le savoir, ça crevait les yeux… Mais quelque chose en moi m’interdisait d’y croire. La vanité...? Alors que déjà, la plaie se répandait dans tout mon corps… Ce froid qui descend dans nos entrailles ; la fièvre qui nous terrasse… Furieuse et glaciale ! Vous ne pouvez pas imaginer... »





Ils reprirent leur marche. Quelques centaines de mètres plus loin, la jeune femme s'arrêta pour reprendre son souffle, puis tomba soudain à quatre pattes
- J’ai… J’ai froid… Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Jérémie saisit son bras pour la redresser.
- Je… Je ne sais pas ! Mais, votre bras est bouillant !
- Non… Oh non… Dieux… Dieux par pitié… Elle saisit l’herbe à pleine mains en haletant.
- Madame !
- Pas ça… Gémit-elle. Oh, cours petit, cours !

- Je ne vous laisse pas, je vous…
- Je deviens une bête ! Je vais… Devenir une de ces choses ! Je vais te tuer si tu restes là ! Puis après une inspiration démente, elle cria : « Cours ! Mais cours !! Faites qu’il parte je vous en supplie ! »
Le garçon resta figé sans dire un mot. Les yeux des deux Gilnéens étaient baignés de larmes. Dans un geste désespéré, la guerrière empoigna la dague à sa ceinture et la plaça sous sa gorge en tremblant. Mais avant qu’elle n’ait rassemblé assez de force et de détermination, elle s’écroula en convulsant. Jérémie se jeta à genoux pour essayer de tenir un des membres devenus fous.
Un croc blanc perça l’obscurité.


***





[Allison Nocta] dit : « Bien des histoires circulaient dans ma Péninsule. Des mythes savoureux, des légendes atroces… Des contes pour effrayer les enfants de Gilnéas.
*Snif* elle se frotte le coin du nez, faisait retentir le cliquetis de ses chaines.
Finalement... Elles n'étaient pas toutes inventées. »


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Noctalie

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MessageSujet: Re: Coeur qui Bat ; Mort qui Rode   Coeur qui Bat ; Mort qui Rode EmptyMar 13 Avr - 15:17

II- La mort douce




Année 34,
dans la crypte.

[Noctalie] dit : « Ma randonnée sauvage ? cinquante-trois jours... C'est beaucoup. Faut croire que j'étais insaisissable ! »
*Rigole nerveusement en écartant les bras aussi loin que le permettent ses chaines.




***
Septembre 31
Gilneas.


- Tu entends ?
- Par là. Oui, je le vois ! Au fond, là-bas !
- Bon sang, la chaine ne va pas tenir bien longtemps. Liquide ça en vitesse !
- Le père Orson souhaite qu’on lui amène des spécimens vivants.
- J'emmerde le vieux fou ! Tu te souviens de la patrouille Kallender ? Des tripes sur vingt mètres ! Ça serait pas arrivé s’ils avaient tirés ces saletés à vue!
- C’est une femme…
- Parce que ces trucs ont un sexe ?! Ça pourrait aussi bien être la duchesse Hilda ! Elle te bouffera la queue avant de s’attaquer au reste !  
- Ne bouge pas, idiot!
- Noms de dieux Denver, je te préviens ! Si tu...
- Pardon ma grande…

*Klung !*


***
Peu après,


Le vieil homme affable ne semblait pas à sa place au milieu de la sombre cave remplie de chaines et de cages, d’outils inquiétants et de mixtures exotiques. Il enfila un gant de cuir épais couvrant tout l’avant-bras et dit d’une voix basse : « Cela fait des semaines que je demande à vos gens de les capturer vivants ! La lycanthropie a passionné des générations de mysticistes du temps où l’on n'en débusquait qu'un par décennie. Maintenant qu’ils ravagent la province, on ne pense qu’à les abattre, sans grand succès d'ailleurs ! Comme si l’on pouvait résoudre une crise de cette nature en la passant par l'épée… » Il souleva la paupière de la bête entravée sur une grande table, puis examina sa dense crinière maculée de sang. « Je suppose qu’il n’y avait pas d’autres façons de la maitriser ?
- Aucune qui ne réclame un morceau de mon anatomie je crois ! dit le soldat.
- Vous avez bien fait. D'ailleurs celle-ci ne gardera pas de séquelles. Du moins, pas de votre main... dit le savant avec amertume.
- Vous allez lui administrer l’élixir ?
- Après quelques altérations, oui. Je n'ai pas terminé l'autopsie du dernier sujet. »

Ryan Denver eut un frisson. Il regardait la créature avec un regard nouveau. Elle lui paraissait beaucoup trop humaine pour mériter que sa vie ne tienne qu’au dosage d'une potion. Il chercha un instant le mot qui désignait les  illustrations des contes de son enfance : un renard futé en redingote, un matou sournois cigare au bec, un coq sophistiqué en équipage de carnaval. La louve endormie lui arracherait presque un sourire apitoyé : sa fine gueule était terminée d’une paire de presque-pommettes ; ses grands yeux étaient affublés d’une paire de sourcils clairs et de cils qui n'avait rien d'animaux ; les restes de son juste-au corps marron faisaient presque oublier les anomalies de sa constitution.

- Y-a-t-il le moindre espoir monsieur ? Pour celle là et pour les autres...
- Nul ne sait si ces 'worgens' ont conservé la moindre bribe d'humanité, le le savant dans un soupir. Si leur physique a pu muter à ce point, comment imaginer que leur conscience n’ait pas subi le même sort ?
- Mais si la métamorphose peut être inversée, peut être que leur esprit... Enfin...
- Pensez-vous, reprit-il avec dépit, que j’aie le pouvoir de construire une pensée humaine avec ses abîmes de complexité, à partir d’un substrat d’instincts bestiaux et sanguinaires ? »

Ryan blêmit, prenant un petit peu plus la mesure du désastre. Ainsi la moitié des habitants de Gilnéas avait péri. Parmi les survivants, la plupart avaient écopés d’un épouvantable sursis, transmissible et fatal. Les milliers de silhouettes qui hantaient les rues de Gilnéas étaient condamnées à saigner leur terre, jusqu’à s’entre-dévorer. Mourir par le croc ou sous les traits des chasseurs.
- Allons, murmura le père Orson en s’approchant, notre peuple vit son heure la plus sombre. Charge à nous de l’écourter de toutes nos forces. Nous y parviendrons, je vous assure. »
Denver acquiesça en regardant son misérable trophée sur la table. « Vous lui avez offert une mort douce ainsi qu’une fin utile. »

Ryan sortit de sa poche un écusson d’agent. Deux glaives repoussant les eaux, l’emblème du corps des gardes-cote. Il décida de le rendre à sa compatriote. Comme une dernière grâce avant l’exécution. Il approcha son bras. « Pardon ma grande… » dit-il.
La louve eut un soubresaut. Deux grands yeux de jais accompagnés d'une paire de crocs frappèrent le soldat.
*Crunch !*






[Noctalie] dit : « C'est comme un rêve. Mais très long : le même rêve, qui dure, qui dure. Et juste une seule sensation : la rage et un gout de sang qui ne s'estompent pas. Et comme vous n'arrivez pas à l'épuiser, ça vous enrage encore plus ! Parfois, jusqu'au point de non retour. »





Dernière édition par Noctalie le Jeu 6 Oct - 11:41, édité 3 fois
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Noctalie

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MessageSujet: Re: Coeur qui Bat ; Mort qui Rode   Coeur qui Bat ; Mort qui Rode EmptyJeu 15 Avr - 17:16

III- Crime et chatiment



***
Année 34

(là vous avez compris que c'est Noctalie qui raconte son histoire au cours d'une sorte d'interrogatoire ou de confession).


[Noctalie] dit : « En reprenant nos esprits, nous étions tous couverts d'un sang qui n'était pas le notre. Si la pluie l'avait lavé, il restait l'odeur qui tenait au corps et au fond de la gueule. On espérait que ça soit celui d'une biche, ou à la limite d'un congénère maudit qui l'aurait cherché ! Mais nous étions tous, aussi, lancinés par la crainte d'avoir égorgé quelqu'un qui nous est cher... Ou n'importe quelle personne en fait...
. . .
Vous vivez avec le doute qui vous chahute le ventre, ou la culpabilité bien définitive ! »






***

Automne 31
Deux mois après l'Invasion


« Noca ! Noctalie ! » Lança le soldat Denver en entrant dans la tente. Noctalie remua vaguement sur sa couche. « Allez sergent debout ! Les éclaireurs sont revenus d'Austrivage.
- Ou en est le soleil ?
Grogna-t-elle en se frottant les yeux
- Déjà au-dessus des cimes. Tu as de la chance : ils sont en retard !
- Quel bonheur… »
Murmura-t-elle en se levant.

Quelques instants plus tard, elle finissait de nouer son ceinturon en marchant. Le camp s’éveillait doucement dans la fraicheur matinale d’un sous-bois. Des soldats émergeaient de leur tente, préférant sacrifier un peu de sommeil au déplaisir d’en être tiré par le pied d’un caporal. Çà et là, on nouait ses bottes, on allumait un feu, on illustrait par des gestes encore gourds son dernier accrochage sur le terrain. Les jeunes gens parlaient en chemin :

« Le colonel est présent... Tu vas te présenter comme ça ? Demanda Ryan à la louve. Ça sera joli devant les officiers !
- Passes moi un petit coup de brosse si le cœur t’en dit ! Un ruban autour de la queue peut être? Si seulement j’en avais une…
Fit-elle en ricanant.
- Noctalie, tu te moques de nous !
- Si c’est ce que tu crois, évitons la question.
- Il n’y a pas que moi qui m’interroge. Tu ne te doute pas de ce que les autres racontent à ton sujet.
- Raconte ! J'ai besoin de distraction au réveil...
- Ils disent que tu joues la comédie. Que tu refuse tout simplement de reprendre forme humaine. Pour te dérober, cacher quelque-chose. Soupira-t-il.
- Humpf… Du pas très avouable ?
- Contrebande, assassinat, enlèvement de petits enfants… Il se dit un peu de tout.
- Imbéciles… Ils n’ont qu’à aller fouiller les registres de l’armée si je les empêche de dormir ! Qu’est-ce que tu en pense toi ?
- Moi je prétends que notre Noctalie est trop attachée à Gilnéas pour être une délinquante. Et qu’elle fait semblant d’avoir oubliée son nom pour s’empêcher de regarder en arrière.
- Donc, tu admets que ça n'est pas "que" de la comédie...


***


[Noctalie] dit : « Je ne voulais pas, mais c'était peine perdue... Chaque nuit mes souvenirs s'affinaient. Je pouvais déjà voir son visage en fermant les yeux. Entendre son cri. Même le gout de sa chair ! ...
Je suis un monstre, c'est tout... »


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